René Robin : sculpteur de rêves

Né en 1922, René Robin a fait de sa vie un voyage artistique à travers deux continents et de nombreuses techniques.

De sa formation aux beaux-arts de Nantes, écourtée à cause des bombardements, il gardera toute sa vie l’influence classique de son professeur Jean Mazuet. Des commandes de portraits et de sujets religieux lui permettront de faire ses premiers pas de sculpteurs. De ses fréquents voyages à Paris il tirera l’enseignement des académies libres et des maîtres de l’époque. Dans les studios de cinéma il travaillera à la réalisation de décors pour Cocteau, Billon, Delanoy…

A 27 ans, Roxane, la compagne de toute sa vie et son inspiratrice le convainc de laisser les meurtrissures de la guerre derrière eux et d’entamer, ailleurs, une nouvelle vie.

Leur rêve de nouveau monde se concrétise en Argentine où René Robin met à profit ses talents de staffeur pour le cinéma, de portraitiste et de modeleur. Ils créent à eux-deux un Atelier d’objets décoratifs en Céramique qui emploiera jusqu’à une douzaine de personnes.

Sa découverte et son intérêt pour l’art primitif d’Amérique latine lui permettra, plus tard, d’adapter de nouvelles techniques à la sculpture occidentale en montant ses sculptures de femmes comme on façonne un vase.

A son retour en France en 1958, les obligations sociales et familiales ne peuvent pas faire taire son besoin vital de création. On retient de cette époque de nombreuses recherches sur de multiples supports, de beaux portraits, des sculptures en taille directe sur pierre de Chauvigny ou tuffeau. Mais cette période est aussi celle d’une profonde introspection qui va être le prétexte à l’un des aspects les plus originaux de sa création : ses « rêves », qui sont, aussi, parfois des cauchemars, à savoir, ces petites scènes éclairées ou animées que, par pudeur, il désigne aussi parfois simplement par « mises en scène »

A 56 ans, il prend un nouveau départ en créant le Centre d’Expression et de Créativité, en collaboration bienveillante avec la mairie de Vertou, au lieu-même où se tient cette exposition aujourd’hui, et en assurant, pendant près de vingt ans, des cours de sculpture et de poterie aux enfants et adultes de Vertou et d’ailleurs.

C’est ici qu’il perfectionne la technique du « colombin » appliquée à la sculpture, dont cette exposition présente certains des plus beaux exemples.

Sa vieillesse est son âge mûr, où il peut, sans aucune contrainte, modeler ses œuvres le plus abouties et les plus sereines, et qui justifient à elles seules, la reconnaissance posthume dont il bénéficie aujourd’hui.

La production de René Robin, dont on fêtait les cent ans de la naissance l’année dernière, s’étale sur près de trois quart de siècle. Sa sculpture nous enseigne toute l’importance du regard à l’égard de l’autre et à l’égard de soi-même.

Son parcours prouve, (encore une fois… !), qu’il faut toujours aller au bout de ses rêves et que parfois ils deviennent réalité. …Ses sculptures en sont la preuve.